La Guinée, pays situé sur la côte Atlantique de l’Afrique de l’Ouest, a une histoire relativement longue de commerce illégal d’espèces inscrites aux annexes de la Convention CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacées d’extinction). Le pays a été identifié comme étant une plaque tournante du trafic de faune à l’échelle internationale. Grands singes, ivoire, peaux, oiseaux, ailerons de requins sont ainsi exportés illicitement par des réseaux criminels organisés.

Les grands singes

Étant identifiée comme étant une plaque tournante du trafic professionnel et organisé de grands singes vivants, de faux permis d’exportation ont été délivrés par la Guinée pour des grands singes qui ont été déclarés «élevés en captivité»  alors qu’il n’existe aucun élevage de ce type dans le pays. INTERPOL a révélé qu’au moins 130 chimpanzés ont été illégalement exportés de la Guinée principalement vers la Chine de 2009 à 2011. L’ampleur de ce trafic est sans précédent. Selon une étude (JGI 2002), pour récupérer 1 bébé chimpanzé vivant 10 membres de son groupe sont tués, ce qui signifie que si 130 chimpanzés ont étaient passés en contrebande, 1300 sont morts. Un crime qui a impact considérable sur les populations sauvages.

Certains d’entre eux viennent de plusieurs pays de la sous-région Ouest et Centre africaine. En outre, d’autres espèces en provenance d’Afrique Centrale ont été exportées par la Guinée, notamment 10 gorilles en 2010 ainsi que des quantités importantes d’autres primates. Sachant que ces animaux sont vendus à plusieurs dizaines de milliers de dollars, il est clair qu’un taux de criminalité importante est associé à ce commerce illégal. A Conakry, un chimpanzé se vend de 3000 à 7000 US dollars, une somme très tentante pour les trafiquants. En Chine, chaque chimpanzé coute environ 25 000 US  dollars et chaque gorille environ 40.000 US dollars.  L’action du GALF a permis l’arrestation de plusieurs trafiquants locaux et étrangers et la confiscation de chimpanzés qui étaient destinés à l’exportation vers la Chine.

L’ivoire

A Conakry, la vente se fait de manière ouverte, en violation des lois nationales et internationales. La majorité de cet ivoire arrive d’Afrique centrale, via le Nigeria et la Côte d’Ivoire, mais aussi d’Afrique de l’Est. Le prix de l’ivoire brut dépasse 300 dollars par kilogramme. Cette vente ouverte  représente à elle seule plusieurs centaines de kilos à Conakry alors que l’espèce, très menacée dans ce pays, compte moins de 200 éléphants. Plusieurs trafiquants guinéens ont organisé un réseau international impressionnant dans de nombreux pays. Des quantités de cet or blanc sont ainsi envoyées principalement en Chine. L’action du GALF a permis d’initier les premières opérations contre ce trafic et la confiscation de plusieurs centaines de kilo d’ivoire. Grace à la coopération avec le BCN d’INTERPOL à Conakry, les 7 premiers délinquants ont été arrêtés en mars 2012 et condamnés à la prison ferme. Une autre opération a menée à l’arrestation de 28 personnes et la saisie de 1000 objets d’ivoire d’éléphants et d’hippopotame et 33 000 dollars issus du trafic.

Les peaux

Une enquête de WARA Conservation en 2009 a montrée des quantités considérables de peaux en vente à Conakry, en violation des lois nationales et internationales. Un total de 227 peaux de léopards et 67 peaux de lions ont été comptabilisées alors que le lion est considéré comme étant en voie d’extinction régionale en Afrique de l’Ouest. Il subsiste en Guinée une population résiduelle qui n’atteint probablement pas 50 lions.  Il y a probablement plus de lions morts sur les marchés que de lions vivants dans l’ensemble du pays. Ces peaux proviennent de toute la sous-région ouest africaine et transitent par la Guinée avant de rejoindre d’autres destinations africaines et internationales. Sur le marché, le prix d’une peau de lion s’élève à environ 2000 euros et une peau de panthère coûte en moyenne 700 euros. Ce trafic est très lucratif, particulièrement aux Etats-Unis et en Europe. Les opérations du GALF ont permis d’arrêter plusieurs dealers et confisquer des dizaines de peaux.

Les oiseaux

Le trafic d’oiseaux, en particulier de perroquets, est très répandu. Les dealers fonctionnent grâce à des réseaux internationaux impressionnant et exportent de grandes quantités d’oiseaux régulièrement. A Conakry, des espèces non originaires d’Afrique tels que les Aras du Brésil ou les Cacatoès d’Australie sont aussi commercialisées. Le perroquet gris du Gabon fait l’objet de redevances illicites énormes. La personne qui capture un oiseau est payée environ 3 dollars alors que la valeur commerciale en Europe est d’environ 1500 à 2000 dollars. Une cargaison est envoyée par avion et contient en moyenne 500 à 1000 oiseaux. Ceci porte les redevances illicites à un million de dollars au minimum. Cette activité illégale peut être réalisée chaque semaine. De grandes cargaisons de perroquets en provenance de la Guinée ont été saisies en Thaïlande et République Tchèque. D’autres destinations illégales sont identifiées dans les pays d’Europe centrale et les pays arabes.

L’action du GALF a permis l’interpellation de plusieurs oiseleurs majeurs et la confiscation d’environ 200 oiseaux qui ont été réhabilités et relâchés dans la nature.